Le temps tombé du ciel : semaine 6 / La vie au temps du coronavirus / Photographe documentaire à Montréal

18 avril

Tu as toujours été d'avance avec les mots : tu as commencé à parler très tôt, et ton vocabulaire est plutôt riche pour ton âge. Pour toi, les lettres et les sons sont un terrain de jeu que tu parcours avec beaucoup de plaisir. Et nous donc!

Cette semaine, tu as goûté à de l'eau pétillante pour la première fois. Notre petite bouteille t'a laissé sur ta soif, aussi as-tu demandé à ce qu'on en rachète. "Je veux l'écrire sur la liste d'épicerie", as-tu dit. 

Je m'attendais donc à un gribouillis représentant le mot "eau", mais ce que tu as fait m’a coupé le souffle : tu as tracé un "O". 

"Voilà, c'est écrit!"

Quel bonheur de constater que tu saisisses déjà que les lettres sont des outils pour exprimer ta pensée. J'ai déjà hâte de te lire.

ps : C'est encore plus spécial avec une goutte de sirop de grenadine.

19 avril

Au réveil, tu n'avais qu'une idée en tête : terminer la construction de ta maison en bloc lego commencée la veille (une espèce de tour très simple, avec pour chaque étage, une fenêtre, ainsi qu'une paire de yeux et de lumières bien symétriques). 

Ton élan créatif pour ces blocs est foudroyante. Quand tu construits, tu as toujours en tête un plan invisible un peu rocambolesque qui te guide, impliquant des avions qui vont sur des rails ou des trains sous-marins qui volent. Quand une nouvelle idée te vient à l'esprit et t'intéresse davantage que la précédente, tu déconstruit sans remord pour reprendre les pièces dont tu as besoin pour ton nouveau projet. Ton esprit est libre et ton imagination, sans attache. 

J'adore le son des petits blocs qui se cognent dans ton coffre, que tu détaches ou que tu assembles en série dans ta quête. 

J'adore t'entendre imiter le son du train sur les rails, de l'avion qui prend son envol, qui plane ou écope (tu aimes beaucoup les Canadairs), des moteurs et des hélices. T'entendre décrire leur trajectoire et leur caractéristiques surprenantes, en action.

C’est dimanche, mais ton imagination ne prend jamais congé.

*

Aujourd’hui dans le quartier, nous avons emprunté des chemins nouveaux. Le changement de perspective nous a fait du bien. Par moments, tu te prenais pour un skater - imitation d’un grand observé la veille. Nous avons aussi retrouvé le Marché Maisonneuve, où tu t’es amusé pour un deuxième jour consécutif à trottiner autour de la fontaine pendant 45 minutes.

Tu es si beau avec tes joues toutes rouges.

20 avril

Après avoir déposé des enveloppes dans la boîte aux lettres près de la maison, nous avons fait un crochet à l'église de l'autre côté du carrefour. On peut presque dire que ça faisait longtemps!

Puis, on a marché sur les chemins d'ombre tracés par les grands arbres du parc Lalancette - pardon, de TON parc.

En longeant la clôture du terrain de balle, tu as trouvé un potentiel nouveau d'escalade. Au bout du champ, tu t'es amusé à faire des roulades sur la butte. Tu as découvert qu'en roulant sur le plat, ta trajectoire tournait. Tu n'as pas trop compris comment éviter ce phénomène, mais j'ai cru voir dans ton regard que tu prenais des notes pour la prochaine fois.

21 avril

Soleil, nuages, neige, soleil, nuages, pluie. 

Avril se prend pour mars. 

Nous avons écourté la sortie trottinette de la journée pour se mettre à l'abri des nuages gris. À l'intérieur, je me suis affairée à ce que la maison sente bon le granola, le bortsch et le ragoût. Disons que ce n'est pas un temps à poke ou gaspacho.

En après-midi, les voisins d'en arrière ont osé sortir les buts et bâtons de hockey dans la ruelle entre deux éclaircis. Tu as demandé à ouvrir grand la fenêtre pour les entendre, leur parler. Nous les avons encouragés. Pour que tu puisses les regarder sans attraper froid, je t'ai mis ton manteau. Puis, la grêle est arrivée.

Soleil, nuages, grêle, soleil, nuage éclairci.

22 avril

Au réveil, tu n'attends pas 2 secondes après que j'aie levé la toile de ta fenêtre pour t’exclamer :

"Youpi, on va pouvoir faire des anges dans la neige!"

Le. 22. avril. Une chance que ton manteau d'hiver te fait encore - en fait, c'est un 5 ans prévu pour te faire au moins deux hivers, si tu ne grandis pas toujours aussi vite qu'en ce moment.

Sur le terrain de soccer du collège de Maisonneuve, les bourrasques de vent étaient glaciales. Nous n'avions jamais mis les pieds de l'autre côté de la clôture éventrée, et tu n'avais jamais vu de filets de soccer de ta vie. De loin, nous ne pouvions pas deviner qu'ils étaient en si mauvais état. Au lieu de chercher à comprendre leur fonctionnement et le rôle des gardiens de but, tu as tout de suite suggérer de jouer au poissons qui se font attraper entre les mailles...

Sur le chemin du retour, notre joie de vivre s'est vite transformée en cauchemar quand tu es tombé face première dans un tas de feuilles de bord de ruelle et t'es planté une tige en plein dans l'oeil. Paniquée à la vue du sang qui teintait tes larmes, j'ai craint le pire. Un accident, c'est toujours bête et parfois tragique, non?

Une visite en urgence chez l'optométriste nous a confirmé que tu avais eu beaucoup de chance, et que ce n'était rien. Ça m'aura permis de t'apprendre l'expression "plus de peur que de mal". Et c'était notre première sortie dans la ville depuis 40 jours.

De retour à la maison, un chat demandait avec insistance à rentrer dans l'appartement. Il nous interpelait par la fenêtre, à la porte - après s'être essayé à l'arrière deux heures plus tôt! Au téléphone, son maître a confirmé que le chat était passé à la maison entretemps et qu'on s'occupait bel et bien de lui. Peut-être voulait-il prendre de tes nouvelles après t'avoir entendu pleurer dans la ruelle?

23 avril

Avant de sortir ce matin, j'ai pris le temps de regarder la météo pour savoir si on devait (encore!) s'habiller en hiver. - Oui. 

Puisque tu t'intéresses beaucoup ces temps-ci au cycle des jours et des nuits, et au concept de décalage-horaire (suite à des conversations vidéo avec des amis en Europe), tu m'as tout bonnement demandé combien il faisait ailleurs dans le monde. Nous avons regardé le temps qu'il faisait à Banyuls-sur-Mer, où habite l'amie A. - 19 degrés, c'est pas juste!

Tant qu'à y être, j'ai pris une seconde pour te montrer Banyuls sur Streetview, pour que tu comprennes les décalages qui nous séparent. - "Les rues sont petites!"

Puis, comme on était prêts à partir, tu as demandé à voir où habite une bonne amie qui reste aussi dans Hochelaga. Sa maison est devenue notre destination. À quelques coins de rues de trottinette, nous l'avons retrouvée en robe de chambre dans son escalier en colimaçon, le temps d'une petite conversation.

À notre retour à la maison, tu as demandé à regarder le clip du "King de la danse en ligne" de Bleu Jeans Bleu. Nous aussi, on est tombés sous le charme de ce morceau accrocheur - et ma foi, touchant. Tu as demandé à le regarder au moins 5 fois! Comme le mix Youtube enchaînait avec "Coton ouaté", tu as pratiqué les moves de danse du clip en trépignant sur ta chaise.

Tu as continué d'explorer tes aptitudes physiques avec un de nos livres du chat, de Philippe Geluck (ton obsession de la semaine).

24 avril

Au parc Lalancette, comme ailleurs, les modules de jeux sont condamnés depuis des semaines pour contrer la propagation de la COVID-19. Par extension, les carrés de sable qui les entourent sont devenus des zones sinistrées. Résultat : un mélange d'hypocrisie, d'insouciance et d'optimisme parental fait migrer les familles dans le terrain de balle voisin. Un vrai sacrilège, dirait plusieurs. Reste que les grains y sont plus fins et plus doux. On se croirait presque à la plage, s'il ne faisait pas -5 avec les rafales de vent.

À la maison, pour faire changement du pain maison, j'ai enfin pris le temps de préparer quelque chose de avec toi : des bagels ("bégueulz", comme tu dis). La recette reste à ajuster pour un résultat plus moelleux et ta technique de roulage demande un peu de pratique, mais tu t'es régalé. (les voisins aussi... mais chut, c'est un secret).

Le temps tombé du ciel : semaine 5 / La vie au temps du coronavirus / Photographe documentaire à Montréal

11 avril

À force de faire des apéros-conférences avec les amis, on a eu envie de se faire un matin pyjama avec la famille pour que N. participe. Ces conversations ne passeront jamais à l’histoire pour leur contenu, mais bien pour leur existence dans nos vies.

Nouvelle habitude avec toi : quand il fait beau lors de notre sortie de fin de journée, nous traquons les ombres dans la ruelle. Tu aimes beaucoup cette réalité double des choses. Sur mon dos, tu vois encore plus loin et plus haut.

Aujourd’hui, tu m’as même demandé : “ Regarde la belle ombre (l’escalier en colimaçon). Prends-la en photo! ”

12 avril

Aujourd’hui, c'est Pâques. 

Comme nous sommes plutôt sceptiques au sujet de la résurrection et réfractaires aux fêtes commerciales (la célébration du chocolat et des lapins), nous n'avions rien prévu de spécial à souligner. 

Les grands-parents ont lancé l'idée d'une chasse aux oeufs de Pâques. Avec enthousiasme, nous avons accepté d'embarquer, et sommes allés nous procurer le nécessaire cinq minutes avant la fermeture des commerces samedi. 

La partie au sujet du "lapin de Pâques" manquait de concertation et de pratique, mais l'idée était parfaite. Comme tu es curieux et as un excellent sens de l'observation, tu as vraiment adoré. Ce n'est pas en photo mais bien en vidéo que j'ai capté l'expérience - pour des souvenirs de ta voix, de tes yeux brillants et de tes pas de danse dans le gazon verdissant.

Nous avions originellement prévu décorer des oeufs, sans trop penser à quel point c'était ardu de faire sortir tout le contenu des coquilles. Nous avons terminé la journée apprivoisant la méthode de peinture à l'eau sur surface ronde et imperméable. 

Nous prenons des notes pour l'an prochain.

13 avril

Un mois de confinement.

Déjà.

Aujourd'hui, c'était un confinement quasi total, justement. Le ciel menaçant nous a fait écourter notre marche matinale. Puis, la neige fondante et les bourrasques de vent nous ont fait renoncer à notre jogging de fin de journée. 

À la place, nous avons osé un "entraînement à haute intensité" avec enfant, à l'intérieur. Tu étais un peu distrait et les jumping Jacks te laissaient dubitatif. En revanche, tu étais le meilleur assistant à redressements assis.

En souvenir de cette journée grise, Papa et toi en bédaine qui choisissez la vidéo pour nous motiver.

14 avril

La garderie est à quelques pas de la maison. En chemin, il y a deux beaux magnolias, que N. n’a encore jamais vu en fleur. Ces derniers temps, nous faisons un petit crochet au détour de nos balades pour voir si les bourgeons de fleurs commencent à se déployer. Et bien oui!

Dans quelques jours, ce sera un spectacle absolument majestueux.

Après avoir admiré les pointes de pétales roses qui pointent hors de leur enveloppe, nous avons poursuivi notre chemin jusqu’au CPE. Surprise : les éducatrices étaient affairées à nettoyer la cour! Nous avons pu échanger des nouvelles pendant que toi, un peu gêné comme toujours quand nous parlons entre adultes, tu escaladais la clôture.

Le thème de la semaine était donné : l’escalade!

De clôtures mais aussi de buttes escarpées des environs. Tu t’amusais à glisser sur les fesses comme sur une montagne de neige. Arrivés à la maison, ton habit de printemps a pris le chemin de la laveuse, pour être prêt à recommencer demain.

15 avril

Ce matin, je t’ai filmé pendant que tu construisais des structures en blocs legos : concentré comme toujours, minutieux, calme. Comme pour équilibrer le tout, tu as ensuite été pris d’une de ces envies de sauter! Le signe qu’il était temps de sortir jouer dehors.

En après-midi, ta chambre était à nouveau ce sanctuaire de calme, pour le repos. Pendant longtemps, tu peux te lire à toi-même tes histoires préférées. Et les blocs ne sont jamais loin.

16 avril

Tu sais que nous ne pourrons jamais avoir de chat. 

Ni de chien. Ni de quelconque bibitte à poils, à cause de allergies de ton père. Ces derniers temps, les chats et les chiens attirent ton attention plus qu'à l'habitude. Tu oscilles entre l'attirance et la crainte pour les deux bêtes. Tu ne comprends pas bien où commence et où se termine la liberté de chacune.

Presque chaque jour dans la ruelle, nous croisons "grosse patte", comme je l'ai appelé : un chat tigré couleur caramel (peut-être s'appelle-t-il ainsi, pour sortir du lot?) qui a un sixième doigt à chaque main. Tu aimerais beaucoup le flatter et le prendre dans tes bras. Malheureusement, il est plutôt farouche, et s'enfuit toujours par la même craque de clôture.

Nous ne sommes pas les seuls à être encastrés dans nos habitudes ces derniers temps.

17 avril

Nous t'expliquons et te montrons beaucoup de chose, sans trop de retenue ni de filtre. Nous t'enseignons le monde à partir des morceaux qui t'intéressent ou que nous jugeons intéressants. Et toi, tu construis ta compréhension du monde qui t’entoure par ces expériences que nous mettons à ta portée.

Ce matin, avant même d'avoir mangé le petit déjeuner, tu nous en as fait la preuve avec une nouvelle construction : l'esplanade du Stade Olympique (!). À ta demande, pour t'aider, j'ai complété la scène en construisant ma version du-dit stade.

La vie est un travail d'équipe.

Le temps tombé du ciel : semaine 4 / La vie au temps du coronavirus / Photographe documentaire à Montréal

4 avril

La neige a finalement fondu sur notre côté de trottoir. Le côté ouest de la rue, à notre hauteur, passe presque toute la journée à l’ombre des triplex à ce temps-ci de l’année.

De bon matin, nous avons profité du calme de ce samedi ensoleillé pour nettoyer notre petit bout de la ville. Nous avons balayé le gravier et raclé les carrés d’arbres, question de libérer les pousses de sous la couche de vieilles feuilles aplaties.

Tu étais tantôt le roi du râteau, tantôt le roi du balai. La plupart du temps, tu nous “aidais” en dispersant les feuilles et le gravier que nous avions savamment mis en tas. Ton plus grand plaisir a été de courir avec un sac de poubelle vide, un parachute devenu avion de course.

Maintenant que le trottoir est nettoyé, celui-ci peut enfin devenir un grand tableau.

(le message d’encouragement rigolo est une gracieuseté de nos charmantes voisines)

5 avril

Très tôt ce matin, ton père a été pris d’une frénésie de ménage. Après avoir travaillé un peu (en fin de contrat, les travailleuses autonomes mères au foyer bossent quand elles peuvent!), je t’ai aidé à construire un super circuit dans le salon, puisque nous avons été évincés de ta chambre qui se faisait balayeuser. Du coup, c’était notre façon à nous de nous rapproprier ce bureau de fortune de ton père.

On est restés en pyjama longtemps. C’est en après-midi qu’on est enfin sortis. Il faisait gris, et il m’a semblé que la ville n’avait jamais été aussi tranquille. Comme toujours, on t’a habillé en homme-grenouille alors que nous les parents, on est resté en manteau mouillant, le parapluie à portée de la main. Ton enthousiasme à découvrir le quartier, ses espaces et ses trésors, était en parfait décalage avec notre fatigue d’adultes préoccupés par notre époque.

6 avril

Lundi.

Nouvelle semaine, vieilles nouvelles habitudes : le stationnement de l'église Saint-Jean-Baptiste-de-Lasalle a sur toi un pouvoir d'attraction surprenant, renouvelable. Quand tu y es, tu prétends être une auto de course, et tu fais les virages les plus sportifs qu'il est possible d'imaginer avec une trottinette à trois roues en bois. Tu as le pied léger, tu sautes, tu voles. Tu n'as peur de rien, tu t'essouffles, et du repars. J'aime te regarder, mais je suis fatiguée.

En arrivant à la maison, nous avions du courrier. Tu as pu voir de quoi a l'air le coronavirus, un mot que tu ne connaissais pas encore, puisqu'on l'appelle simplement “le virus” - ou "le vérus", comme tu dis.

En après-midi, pendant le repos, tu ne voulais pas être seul. À distance, tu m’as fais une déclaration d'amour éternel, et l’a terminée en me proposant le plus beau des projets :

"Après le vérus, on pourrait aller au bout du monde, si tu veux? "

Oui, mon coeur.

7 avril

Parfois, la courbe de nos humeurs n’est pas aplatie autant qu’on le voudrait, et elle malmène nos journées. Même s’il faisait extrêmement beau aujourd’hui et que j’avais envie de découvrir avec toi les nouvelles possibilités des terrains de jeu (improvisés) avoisinants, je me sentais triste.

Triste au fond, à réaliser que malgré nos sorties dehors et les séances de dessins sur le balcon au son des amis qui jouent dans la ruelle, et malgré les appels vidéos (surtout à cause d’eux en fait) : on est loin des autres.

Au moins, il y a toi qui me fait rire, en plus de faire les bisous les plus doux de l’histoire de l’humanité confinée.

*

Pour les souvenirs, des mots d’aujourd’hui :

“ J’ai sauté sur mon ombre! ”

“ Mes oreilles, c’est comme des tortellinis. ”

8 avril

Au réveil, ton père a réquisitionné ton drap de lit pour une bonne cause : souhaiter bonne fête à Elliot-le-voisin-d-en-arrière - et émouvoir ses parents confinés au passage.

Notre période de dessin/peinture quotidienne a dégénéré en séance de maquillage. Tes cousines te manquent, mais tu rigoles beaucoup avec elles même si elles sont loin.

Lors de nos sorties quotidiennes, de plus en plus, j'ai envie d'abstraction photographique. Ça me rappelle mes obsessions de documentation de l'urbain d'autrefois. Avant le confinement, j'avais presque oublié ce que c'était, parcourir la ville avec une caméra. J'aime encore plus quand c'est avec elle et toi.

9 avril

L'hiver ne partira donc jamais!

Il fait froid et gris. Quelque chose nous tombe du ciel aujourd'hui - et ce n'est pas de la pluie.

Heureusement, tes crayons et tes legos ajoutent de la couleur dans nos vies.

10 avril

C'est Vendredi Saint. Quand j'étais enfant, on ne mangeait pas de viande, le Vendredi Saint. Ma mère concoctait souvent sa sauce aux oeufs (ou parfois au maïs), servie avec le fameux pain du partage vendu par le club Optimiste (à moins que ce ne soit le club Lion?).

Pour nous, c'est un simple vendredi férié. Ton père est en congé et pour moi, travailleuse autonome, c'est jour de boulot. Je reprends le travail que je n'ai pas le temps de réaliser en semaine puisque je m'occupe de toi - question de livrer les derniers contrats de photos réalisées avant que ne débute ce confinement.

Pendant ce temps, tu trottines et escalades des buttes de gazon loin de ma caméra.

Le temps tombé du ciel : semaine 3 / La vie au temps du coronavirus / Photographe documentaire à Montréal

28 mars

Samedi, jour de provisions.

C’est S. qui est en charge de la tournée de l’épicerie. Seul lui est assez fort pour porter sur ses épaules le nécessaire à tenir pour les sept prochains jours - moi, j’utilise normalement la poussette pour transporter les grosses épiceries avec toi, ou divise le tout en plusieurs sorties : exactement ce que nous voulons éviter dans les circonstances actuelles.

Tu demandes à sortir en trottinette. Tu veux passer par la piste cyclable de la rue Desjardins. En haut, tu demandes à aller sur l’Esplanade du Stade.

C’est le jour de la marmotte.

En haut, finalement, c’est un peu différent. On prend le temps de regarder les employés de Bixi sortir les stations, morceaux par morceaux, du stationnement intérieur où elles ont passé l’hiver. Nous sommes fascinés par ces deux petits chariots élévateurs qui semblent sortir du minerai précieux des entrailles de la terre.

Plus loin, nous découvrons le skatepark. Les avertissements “Danger de chute” me permettent de t’expliquer tant bien que mal la fonction de pareille installation un peu abstraite hors contexte.

Tu veux faire le tour du grand édifice blanc “en bas”. Nous sommes alors à même d’admirer son architecture, ses contours, sa masse, ses détails. Tu es bien d’accord que tout près, on se sent tout petit. Les gouttières géantes t’impressionnent. Les avertissements de baignade interdite te subjuguent.

Ce matin, finalement, nous en avons vraiment eu plein les yeux.

29 mars

Les prévision météo annonçaient de la grosse pluie aujourd’hui. On s’est motivés à sortir tôt pour aller jouer dehors en famille avant que les averses nous tombent dessus - et nous confinent réellement à l’intérieur. Comme de fait, aussitôt que tu as enfilé ton imperméable et qu’on t’a sorti sur le balcon, les gouttes se sont pointées.

On est sortis quand même, avec nos parapluies - et sans ma caméra, ça fait du bien parfois.

Quelque chose en moi trouvait qu’il faisait belge.

On a marché dans la bouette et on s’est lancé le ballon au parc Lalancette.

Ton rire se foutait du temps et du confinement.

On était bien.

30 mars

Tu veux monter en haut de la côte. Je pose ta trottinette sur mon épaule et nous admirons les nouveaux arcs-en-ciel en chemin. Il se met à pleuvoir, mais j’ai le parapluie pour me protéger pendant que tu profites de la vie.

Pardon, pendant qu’on profite de la vie.

31 mars

La neige est presque toute fondue dans la ruelle et aujourd’hui, la trottinette est restée dans la maison.

Nous avons sorti les craies et dessiné un fond marin rigolo : un poisson-clown (avec le nez rouge pis toute), un calmar, une citation de Passe-Montagne (“Babette la baleine fait de bien belles bulles”), une étoile de mer, un poisson-clou (cousin du clown, mais en presque moins drôle), des anémones échevelées et un cygne portant un chapeau haut-le-forme.

Sur ton dessin comme dans la ruelle, le soleil brillait.

Par ce bel après-midi, grand-maman Marie-Paule est partie dans le ciel.

Penses-tu que nous aussi, on va vivre jusqu’à 101 ans?

1er avril

On a eu de la visite aujourd’hui!

Et ce n’est pas un poisson d’avril.

Pour contrer la force d’attraction qui pourrait nous faire échouer au test du 2 mètres, nous sommes sagement restés sur notre balcon du 2e étage, pour jaser avec les amis restés sur le trottoir. Nous les avons même regardés jouer - et encouragés dans leurs efforts. Quelle situation atypique, qu’il nous fera plaisir de raconter quand les garçons seront grands. Un bonheur confiné partagé.

Puis, question d’éviter de croiser les amis dans la rue (!), nous avons commencé notre propre balade en sortant par derrière, dans la ruelle. Ton nouveau ballon t’apporte tellement de joie! Tu t’es exercé à le lancer, le botter, le faire rouler. Nous avons découvert que notre ruelle pentue est en fait composée de plusieurs paliers. Il y a même un tronçon où le ballon est remonté à reculons! On se serait presque crus à la côte magnétique!

Ensuite, comme souvent depuis le début du confinement, nous sommes allés à “ton” parc. La plaine de jeu est un vaste espace où nous sommes certains de rester loin des autres naturellement, sans éveiller en nous de sentiment de suspicion. Nous y observons les éléments du décor changer d’une fois à l’autre.

Aujourd’hui, nous y sommes tombés sur un témoignage bien de notre temps. En face du CHSLD Nicolet, sur un rideau rouge fixé à ce qu’il reste de la bande de la glace de hockey, était peint en grandes lettres un message bouleversant, d’un grand enfant à sa maman et à ses “anges”.

Je t’ai expliqué, puis nous l’avons admiré battre au grand vent - et moi j’avais le coeur battant.

2 avril

Les jours où il pleut, on n’est pas pressés de sortir. On reste longtemps en pyjama dans la maison, comme si c’était la fin de semaine.

À vrai dire, les jours de pluie, on ne sait plus quel jour on est.

Ces jours-ci, tu es obsédé par les trains : tu sors régulièrement ton circuit en bois, et tu demandes à regarder des vidéos de trains (tu aimes principalement ceux où on voit les trains les plus rapides au monde, ou des circuits de train électrique montés par des geek qui diffusent leurs exploits).

Malgré la pluie, nous sommes sortis faire un petit tour près de la maison. Nous avons mangé notre collation sur le parvis de l’église Saint-Jean-Baptiste-de-Lasalle, puis avons exploré les environs.

La journée paraissait longue, et tu voulais bouger. Je t’ai parlé de ce jeu de corridor tout simple et si amusant auquel je jouais avec ma soeur dans le bungalow de notre enfance : faire rouler une balle d’une personne à l’autre, en bloquant le passage avec nos jambes. La balle rebondissante que nous avons redécouverte dans un fond de tiroir était parfaite pour ce jeu, puisqu’elle roulait vite et respectait la trajectoire qu’on lui donnait. Attention à ne pas la faire rebondir, pour ne pas déranger les voisins! Un franc succès.

Nous avons fini l’après-midi, à peinturer par terre en-dessous de la table.

3 avril

- "Mes doigts sont dehors!"

- "Qu'est-ce que tu aimes quand on ouvre la fenêtre comme ça?"

- "J'aime ça voir dehors, entendre des bruits, puis sentir, avec mon odorat."

Le temps tombé du ciel : semaine 2 / La vie au temps du coronavirus / Photographe documentaire à Montréal

(comme ce confinement durera apparemment bien longtemps, je compilerai désormais une série de publications à chaque semaine)

21 mars

C’est samedi, il fait un temps radieux - bien qu’il fasse froid un froid mordant. Nous sortons pour la balade quotidienne à trottinette. Nous décidons d’aller te faire (re)découvrir le stationnement du Collège de Maisonneuve et se faire plaisir avec sa vue jusqu’au pont Jacques-Cartier. C’est aussi un prétexte pour aller regarder par la fenêtre de ton local de garderie, à laquelle on a facilement accès. Cette mise en abîme de nos monde est bien étrange.

Comme le temps est devenu très lent ces derniers jours, nous pouvons profiter de (presque) toutes les curiosités que nous croisons sur notre route. En haut de la côte, le long de la rue Sherbrooke, de grande flaques d’eau on gelé durant la nuit. La surface glacée est tantôt solide et opaque, tantôt fine et transparente, comme du verre. Nous nous amusons à fissurer, arracher et casser des morceaux (des milliers!) pendant une demi-heure.

En après-midi, tu ne veux pas dormir. Comme j’ai anticipé la fermeture des salons de coiffure et acheté des ciseaux pour raccourcir quelques mèches à la maison, tu me demandes de te couper les cheveux. Je ne suis pas coiffeuse, et tu n’es pas patient.

J’ai commencé par dégarnir ta nuque (que je n’avais littéralement pas vu depuis des mois). Puis, j’ai enchaîné avec un tentatif dégradé, en couches. Oh là là, qu’est-ce que j’ai fait… J’ai coupé si court, qu’il ne reste plus de trace de tes belles boucles blondes, mon petit lion!

Mais tu es si beau.

22 mars

Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de ma mère. “Grand-Maman Ginette”, comme tu l’appelles.

Elle aurait eu 66 ans.

Comme souvent à cette date (toujours depuis que tu es né), j’ai facilement les yeux dans l’eau.

L’an dernier, nous avons commencé une petite tradition afin de souligner sa mémoire, la faire revivre un peu - nous qui manquions jusque là de rituels pour bien vivre cette absence : te célébrer avec gâteau et bougie.

Cette année, S. a même lancé l’idée de réaliser une photo de famille maison, pour Grand-Maman Ginette.

Tu étais intéressé par l’équipement de studio que nous avons installé ensemble dans ta chambre, mais tu n’avais vraiment pas envie de te faire prendre en photo…

M’aider à faire le gâteau, c’était plus dans tes cordes.

Bonne fête Maman! Tu nous manques.

23 mars

Avec ce confinement, et la météo peu clémente des derniers jours, on ne sait plus trop si c’est le printemps ou l’hiver. Le ciel très gris est bas, il vente et il fait froid. Notre balade matinale est moins agréable qu’à l’habitude.

Les modules de jeux de ton parc sont condamnés. J’ai les bleues, mais tu t’amuses franchement sur ta trottinette. Tes joues n’ont pas été aussi rouges depuis longtemps. Mes yeux fixent les silhouettes, les textures et les détails que nous croisons en chemin.

À la maison, Papa prend une pause pour concocter avec nous de nouveaux arcs-en-ciel à coller dans les fenêtres. Tu lui fais remarquer qu’il n’a pas mis les couleurs dans le bon ordre! Craignant qu’il ne gâche son oeuvre, tu lui expliques aussi comment bien couper le blanc autour. Ce sont maintenant quatre arcs-en-ciels qui crient #cavabienaller du 2e étage de notre triplex.

Comme il n’est jamais trop tôt pour une initiation à la citoyenneté exemplaire, et que le travail suit ton père même durant nos repas, tu regardes un extrait du conseil municipal à table.

Le soir quand tu dors enfin, c’est toute la ville qui semble endormie aussi, sous sa lourde couverture blanche.

24 mars

Au réveil, tu as tout de suite demandé d’aller faire un bonhomme de neige.

Va savoir pourquoi (en fait je sais très bien pourquoi : tu as trois ans!), quand est venu le temps d’enlever ton pyjama, tu as refusé de t’habiller. À vrai dire, tu as accepté l’idée de Papa : t’habiller pour aller jouer dans l’eau!

Comme la neige fondait à vu d’oeil, j’ai réussi à te convaincre de sortir sans trop attendre. Ensemble, nous avons façonné “Cannelle 2”, comme tu l’as baptisée. Tu lui a délicatement mis des roches dans le front et des boules de neige en guise de cheveux. Le temps était tranquille et il faisait chaud dans nos mitaines.

De retour à la maison, tu as adorablement joué du carillon “pour encourager Papa” - et je crois que ça a fonctionné.

L’appel du soleil étant si fort, nous avons dessiné sur le balcon, avant de retourner marcher à la recherche des nouveaux arcs-en-ciels du coin. Nous nous sommes retrouvés à nous balader dans le no-man’s land de stationnement d’à côté, et tu a adopté une branche.

Et moi, j’ai admiré la beauté de ta vie.

25 mars

Matin sans trop d’histoire. Nous mettons le cap sur le nord, passant par une rue voisine que nous n’empruntons jamais. À la vue du Stade, tu décides : “Je veux aller là!”. Là, ça veut dire l’esplanade, ce vaste paysage bétonné parfait pour trottiner. Nous y observons les employés de Bixi sortir les stations de leur cachette sous-terraine et sourions aux coureurs.

Nous passons près de chez une amie et nous parlons de part et d’autre de la clôture pendant 15 minutes. Comme ça fait du bien!

Au retour, la fresque de l’église Saint-Jean-Baptiste-de-Lasalle nous rappelle les temps anciens où les humains pouvaient se rassembler.

26 mars

Le banal de nos vies de confinement est moche et beau.

Aujourd’hui, j’ai voulu me souvenir de ce que c’est de regarder la ville avec toi, en te montrant tous les détails qui attirent mon attention alors que tu es affairé à manger ta collation dans la poussette. Nous avons (encore) compté les arcs-en-ciel jusqu’à l’écoeurement : 41. Je t’avais dit qu’on allait voir des trains, mais nous avons dû nous contenter d’apercevoir quelques bouts de rails et de très gros camions chez Lallemand. Ça en valait quand même la peine, de marcher jusqu’au fin fond du quartier.

À la maison, le rythme était lent. Papa s’est reposé à tes côtés pendant que tu jouais tranquillement avec tes blocs.

Puis, la voisine est venue nous porter un beau cadeau : un immense paquet de fleurs magnifiques récupérées chez un fleuriste qui devait se débarrasser de tout son inventaire après avoir dû fermer son commerce. Comme on n’a pas l’habitude d’acheter des fleurs, j’ai accepté puis saisi les tiges du bout des doigts. Tu m’as aidé à laver notre bouquet à l’eau savonneuse dans le bain. C’était notre manière d’honorer cette beauté importée du bout du monde.

27 mars

Ce matin, j'ai rendu visite à des amis dans le quartier avec ma caméra.

Dans les règles de l'art de la distanciation sociale, je suis restée à distance règlementaire - puisque j'ai sorti mon zoom de photo événementielle pour l'occasion!

*

N. est justement venu me rejoindre chez sa grande amie A., qu’il n’avait pas vue depuis des semaines et que j’étais en train de photographier.

Durant le “repos”, il ne pouvait s’empêcher de venir voir ce que je faisais dans le bureau (retoucher les photos de gens qu’il connaît!).

À la maison, nous avons rempli un bac d’eau pour nettoyer quelques jouets et expérimenter avec quelques pailles d’une boîte que nous avons depuis des années et qu’il faudra bien finir un jour. N. appelle ça une mission!


Le temps tombé du ciel : semaine 1 / La vie au temps du coronavirus / Photographe documentaire à Montréal

Je suis plutôt tranquille depuis le début de cette tempête COVID-19.

À la maison, nous vivons depuis le 13 mars un confinement strict mais optimiste, généreux. 

Je profite de tout ce temps "tombé du ciel" avec mon fils, bien que j'aie du mal à faire avancer les projets qu'il me reste à livrer puisque je passe presque chaque minute de la journée avec lui. Ces moments en sa compagnie me gardent loin du vertige de tous ces contrats incertains ou carrément perdus pour les mois à venir. 

Nos repères changent et plus que jamais, je crois que la photo s'impose pour garder des souvenirs du vécu, de ce qui nous unit, de ce chapitre de nos vies. J'ai si hâte de documenter les vôtres à nouveau!

Dans les jours à venir, je partagerai ici des fragments de notre confinement, pour faire rayonner la beauté de cette fin d'hiver.

#restezchezvous #covid19 #confinement #staythefuckhome

Pour N.

13 mars

Nous ne le savons pas encore, mais la garderie va fermer ses portes dans quelques heures. Et nos vies vont beaucoup changer soudainement.

Pour combien de temps?

Personne ne pourra le dire avant longtemps

14 mars

Aujourd’hui, tu tousses beaucoup. Tu fais un peu de fièvre, et ton souffle est court. Nous sommes maintenant en quarantaine avec toi.

En après-midi, j’ai besoin de temps pour moi, troublée par les nouvelles et l’air du temps, anxieuse.

Je plonge dans un livre de portraits de Henri Cartier-Bresson pour me changer les idées. Tu viens me rejoindre.

Nous regardons avec intérêt les visages de philosophes et d’auteurs, des ateliers d’artistes, des portraits d’amis, d’autres anonymes… Puis nous tombons sur ce portrait de Carson McCullers, datant de 1946. Je me dirige vers la bibliothèque et sors un roman d’elle (The Heart is a Lonely Hunter), pour te montrer ces mots écrits il y a 70 ans maintenant, pour te dire “C’est elle!”.

Intéressé, tu délaisses mon beau livre de portraits pour feuilleter les pages, avec attention : “Je veux regarder les mots”.

15 mars

Au réveil, tu veux tout de suite jouer aux blocs Lego.

Papa et toi, en pyjama.

C’est dimanche.

16 mars

C’est lundi, premier jour de nos nouvelles vies de semaine en quarantaine. Tu vas un peu mieux, mais tu es fatigué.

Durant ton repos, tu te mets à la conception d’un petit projet de Lego - encore. Je t’invite à terminer sur la table, pour mieux travailler.

Tu es concentré, appliqué. Tes petits doigts sont devenus si agiles!

Je ne t’ai presque pas aidé :)

17 mars

Aujourd’hui, nous avons eu de la visite : un épervier brun est venu se poser sur un fil derrière chez nous.

Nous avons pu l’observer pendant une bonne demi-heure!

18 mars

Tu vas franchement mieux aujourd’hui!

On sort faire une grande balade dans le quartier, qui est désert. On observe un chantier pendant 10 minutes, on regarde à travers les vitrines des magasins fermés, on admire la pousse hâtive des hostas et autres tulipes enthousiastes. On marche sur la Lune derrière le marché Maisonneuve.

À la maison, tu es colleux et veux toujours me dire “Je t’aime”.

Pour faire changement, on soupe dans le salon. Et c’est toi qui mets la table.

19 mars

Nous vivons une renaissance aujourd’hui : nous avons sorti la trottinette!!!

Ça ne se perd pas, comme le vélo. Tu t’élances, encore plus rapide et solide que l’automne dernier. Si tu ne portais pas de tuque, tu aurais les cheveux au vent.

Je cours pour te suivre. Tout ce mouvement nous fait du bien à tous les deux.

Pour dîner, on mange une bonne soupe - que tu fais refroidir avec une glace, un classique. Juste avant de se mettre à table, je t’ai marqué de mon amour de maman avec ce qui me restait du rouge-à lèvre mis ce matin avec toi (le tien es déjà parti, tu l’as tout liché).

Lors de notre deuxième sortie quotidienne, nous constatons que la distanciation sociale ne date pas d’hier! Nous admirons les premiers arcs-en-ciel qui ont fait leur apparition dans le quartier.

#cavabienaller

20 mars

Ce matin, il pleut et il fait gris, très gris. Tellement gris qu’il faut allumer la lumière de la cuisine.

Je ne sais pas si c’est le temps ou la fatigue (je me couche tard puisque je travaille jusqu’au début de la nuit), mais la réalité me happe soudainement : tu ne joueras pas avec un autre enfant avant très longtemps! Ressentiras-tu l’ennui? Le manque? Les rigolades, le chamaillage, les cachettes, les élans d’affection démesurés seront autant de sensations à redécouvrir quand nous serons “libres”.

Je pense à mes amis et à ma famille que nous ne verrons pas de sitôt, et j’ai le coeur gros.

On dirait que tu sens mon besoin de me changer les idées. Tu sors une vieille pomme du frigo et demande à faire de la compote : quelle bonne idée! Tu m’aides à couper les morceaux avec ton couteau en bois. En quelques minutes, c’est cuit broyé et dégusté.

Ensuite, nous nous affairons à préparer NOTRE arc-en-ciel. Je trace la première ligne pour te montrer la forme. Nous choisissons les couleur ensemble et tu jette un coup d’oeil à un exemple sur un livre pour continuer à ta manière.

Tu es si fier de mettre ton oeuvre dans la fenêtre! Vu de l’intérieur, on voit le dessin que tu avais déjà fait au verso : “Un bonhomme sourire avec plein de yeux et plein de bouches”.

#cavabienaller

Cadeau immense pour toute petite / Séance nouveau-né en cadeau / Photographe de famille à Montréal

Parfois, on m’écrit depuis le bout du monde pour offrir un cadeau à des amis qui habitent ici.

Cette fois-ci, mes photos ont fait le pont entre la Provence et Villeray, pour immortaliser les premiers jours d’une nouvelle vie montréalaise. Un cadeau pour maman et la petite, auquel le papa a participé avec enthousiasme. Au final, la marraine qui habite à des milliers de kilomètres s’est aussi un peu offert ce beau cadeau à elle-même, puisque les images ont bien sûr fait leur chemin jusqu’à elle, amenuisant la distance entre les continents.

Voici donc une séance coup de coeur de la fin 2018 avec la toute petite C., à environ deux semaines de vie - encore un peu plissée, juste assez grimaçante et déjà très curieuse. Cette époque où chaque jour apporte son lot de découvertes et d’amour sans nom.

Je peux vous confirmer un an plus tard, pour avoir revue la famille récemment, que les airs taquins des parents ne sont pas forcés. C’est un véritable trait de famille!

Surveillez le blog pour la suite : la séance premier anniversaire. Un autre beau cadeau de la marraine transatlantique!

Si vous souhaitez vous aussi offrir un certificat-cadeau à vos proches qui sont parfois loin, contactez-moi!